Ferdinand Cheval (1836-1924)

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La brouette du Facteur Cheval

« A cœur vaillant rien d’impossible » Ferdinand Cheval

Je ne connais qu’un homme qui ait rendu hommage à son meilleur outil, c’est le facteur Cheval. Allez à Hauterives, pas très loin de Valence, allez visiter son Palais idéal. Si vous aimez l’architecte catalan Gaudi, vous aimerez Cheval. Au même moment, sans se connaître, la même passion les inspire et leurs constructions étrangement se ressemblent. La nature les guidait l’un et l’autre. Comme les créateurs des grottes maniéristes de la Renaissance, ils célébraient la nature artiste, rêvant aux pierres, aux concrétions de la matière, aux entrelacs de branches, aux formes sculpturales des rochers, des fleurs et des feuilles. C’est drôle cette tradition maniériste qui ressurgit à la fin du XIXème siècle. « Mon école, ce furent la mer, les vents et les marées, a dit Gaudi. Entouré de fleurs, de vignes, d’oliviers à Réus, j’ai été stimulé enfant par le caquètement de la volaille, le pépiement des oiseaux, le bourdonnement des insectes, avec la vue des montagnes de Prades au lointain. J’ai saisi dans ces endroits les plus pures et les plus délicieuses images de la Nature. Cette nature est toujours ma maîtresse. » Ferdinand Cheval, facteur à Hauterives, passait ses journées dans la campagne à marcher 30 à 44 kilomètres. « Que faire, dit-il, en marchant perpétuellement dans le même décor, à moins que l’on ne songe. C’est justement ce que je faisais. Pour distraire mes pensées, je construisais en rêve un palais féerique, dépassant l’imagination, tout ce que le génie d’un humble peut concevoir. » Et voilà que butant sur une pierre, sa pierre d’achoppement, comme il l’appellera plus tard, la nature lui fournit le matériau dont il avait besoin pour concrétiser son rêve.
Ferdinand Cheval, d’abord dans des paniers puis dans sa brouette, charrie pendant quarante ans les pierres que la nature lui donne en l’inspirant. Tout commence par la construction, dans son potager, d’un bassin et d’une cascade qu’il appelle « la source de vie ». Puis il réalise la grotte de Saint Amédée, le saint patron du village, puis une seconde cascade, « la source de la sagesse.»
Il n’était pas maçon. Il n’avait jamais touché une truelle. Il se traitait de fou, d’insensé, les autres le trouvaient ridicule. Mais quand il buta sur cette première pierre de forme si bizarre, son rêve lui revint en mémoire et il sut que « puisque la nature voulait faire la sculpture, il ferait la maçonnerie et l’architecture. » Il composait pendant sa tournée des petits tas de cailloux qu’il retournait chercher le soir dans sa brouette. Avec elle, il travailla nuit et jour pendant vingt-sept ans.
La voilà élevée au rang d’une domestique fidèle. Il lui a construit un tombeau. Elle trône dans une aile de son Palais. Il lui apprend même à parler :

"Moi, sa brouette, j’ai eu cet honneur
D’avoir été 27 ans sa compagne de labeur.
Rappelle-toi que vouloir, c’est pouvoir.
Aide-toi, le ciel t’aidera."

Elle est sa reine. Il en fait une pythie.

(extrait de La maison en chantier)

 

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Une visite du Palais Idéal

(Photographies de G.Brusson. Musique: "Dernières pensées" d'Eric Satie)

 

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Lettre autobiographique du Facteur Cheval (le 15 mars 1905)

« Fils de paysan, paysan, je veux vivre et mourir pour prouver que dans ma catégorie il y a aussi des hommes de génie et d'énergie. Vingt-neuf ans je suis resté facteur rural.
Le travail fait ma gloire et l'honneur mon seul bonheur ; à présent, voici mon étrange histoire. Où le songe est devenu, quarante ans après, une réalité.
J'avais bâti, dans un rêve, un palais, un château ou des grottes ; je ne peux pas bien vous l'exprimer ; mais c'était si joli, si pittoresque, que dix ans après, il était resté gravé dans ma mémoire et que je n'avais jamais pu l'en arracher.
Je me traitais aussi, moi-même, de fou, d'insensé
Je n'étais pas maçon, je n'avais jamais touché une truelle ; sculpteur, je ne connaissais pas le ciseau ; pour l'architecture, je n'en parle pas, je ne l'ai jamais étudiée. Je ne le disais à personne, par crainte d'être tourné en ridicule et je me trouvais aussi ridicule moi-même.
Voilà qu'au bout de quinze ans, au moment où j'avais à peu près oublié mon rêve, que j'y pensais le moins du monde, c'est mon pied qui me le fait rappeler.
Mon pied avait accroché un obstacle qui faillit me faire tomber ; j'ai voulu savoir ce que c'était. C'était une pierre de forme si bizarre que je l'ai mise dans ma poche pour l'admirer à mon aise. Le lendemain, je suis repassé au même endroit, j'en ai encore retrouvé de plus belles, je les ai assemblées sur place, j'en suis resté ravi.
C'est une pierre molasse, travaillée par les eaux et endurcie par la force des temps, elle devient aussi dure que les cailloux. Elle présente une sculpture aussi bizarre qu'il est impossible à l'homme de l'imiter : elle représente toutes espèces d'animaux, toutes espèces de caricatures.
Je me suis dit: puisque la nature veut faire la sculpture, moi, je ferai la maçonnerie et l'architecture.
Voici mon rêve. A l'oeuvre, me suis-je dit.
De ce jour, j'ai parcouru les ravins, les coteaux, les endroits les plus arides ; je trouvais aussi le tuf pétrifié par les eaux, qui est aussi merveilleux. J'ai commencé les charrois dans mon mouchoir de poche ; le tuf se trouvait pointu, en peu de jours j'en ai criblé une douzaine, ce qui ne faisait pas trop plaisir à ma femme. C'est là qu'ont commencé mes déboires. Je transportais des paniers. Je vous dirai aussi que ma tournée de facteur était de plus de 30 kilomètres par jour et que j'en parcourais des douzaines avec mon panier plein de pierres sur le dos, ce qui représentait une quarantaine de kilos chaque fois. Je vous dirai aussi que chaque commune possède son espèce de pierre toujours très dure.
Je faisais, en parcourant la campagne, des petits tas de ces pierres ; le soir, avec ma brouette, je retournais les chercher. Les plus proches étaient à 4 ou 5 kilomètres, quelques fois jusqu'à 10 kilomètres. Je partais parfois à 2 ou 3 heures du matin.
Je ne puis vous dire tous les détails, les péripéties et la misère que j'ai endurées, ce serait trop long à énumérer, mon instruction restreinte ne me permettant pas de bien m'exprimer.
Je vous dirai tout simplement que j'ai tout charrié moi-même de la manière indiquée ci-dessus, que, nuit et jour, j'ai travaillé vingt-six ans, sans trêve ni merci.
Les visiteurs qui viennent un peu de tous pays et dont le nombre va en augmentant chaque année ont peine à croire ce que leurs yeux voient ; il leur faut le témoignage des habitants du pays pour croire qu'un seul homme ait pu avoir le courage et la volonté pour construire un pareil chef-d'œuvre ; ils s'en vont tous émerveillés en disant : c'est incroyable, c'est impossible, c'est merveilleux.
Voici les dimensions de mon Palais
Façade est : 26 mètres de longueur. Façade ouest : 26 mètres de longueur. Façade nord : 14 mètres de longueur. Façade sud : 10 mètres de longueur.
La façade nord et sud forment le quart du monument, la largeur est en moyenne de 12 mètres, la hauteur varie de 8 à 10 mètres.
Entre la façade est et ouest, il se trouve une grande galerie de 20 mètres de longueur sur 1 m 50 de largeur; aux deux extrémités se trouve une espèce de labyrinthe.
Dans cette hécatombe, vous y trouverez toutes sortes de variétés que j'ai sculptées moi-même comme aux temps primitifs, tels que cèdres, éléphants, ours, bergers des Landes, cascades, toutes espèces de coquillages et d'animaux.
Dans le second labyrinthe, toujours attenant à la galerie, on y trouve des figures d'antiquité au nombre de sept ; en dessous, des autruches, des flamands, des oies, des aigles.
La sculpture est si bizarre qu’on croit vivre dans un rêve.
Au dessus des hécatombes, toujours entre l'est et l'ouest, et au milieu du Palais, à 4 mètres de hauteur, se trouve une grande terrasse d'une longueur de 23 mètres et d'une largeur de 3 mètres, où donnent accès des escaliers qui permettent de monter, d'un côté, à la tour de barbarie, de l'autre, au sommet d'un petit génie qui éclaire le monde.
On accède à la terrasse par quatre escaliers tournants, comme creusés dans un rocher.
La façade est bâtie en pierre de rachat, excessivement dure, qui forme toutes espèces de caricatures, en partie des animaux, travaillés par le temps, beaucoup en boules.
Le milieu de la façade est constitué par les premières pierres trouvées. Elles représentent une cascade. J'ai mis deux ans pour la faire. La petite grotte à côté, trois ans. La grande grotte, où il y a trois géants, c'est un peu de l'Egyptien. Les deux femmes qu'il y a en dessus sont Veleda la Druidesse et Inize.
A côté encore, toujours à gauche, j'avais commencé un tombeau druide, mais le manque de l'espèce de pierre m'a empêché de le finir. J'ai mis quatre ans pour faire cette partie.
En dessous de la tour de Barbarie se trouve une oasis où sont représentés des figuiers de Barbarie, des cactus, des palmiers, des oliviers gardés par la loutre et le guépard.
A droite où vous voyez quatre colonnes, c'est un tombeau que j'ai creusé comme si c'était un rocher, pour me faire enterrer à la manière des rois Pharaons. Sous terre, il y a un caveau à trois mètres de profondeur, avec deux cercueils en pierre et leur couvercle à la mode des Sarrazins, avec double porte en fer et en pierre.
En dessus du caveau qui correspond avec la galerie, on trouve des personnages et beaucoup de sculptures, une crèche avec toutes espèces de coquil-lages qui font un effet éblouissant ; ce tombeau est dans le genre des temples hindous, les sujets sont chrétiens. On y voit deux couronnes en pierre, au milieu du rocher la grotte de la Vierge Marie, les quatre évangélistes, un calvaire, la mort et l'Abondance, des pèlerins, des anges, au sommet l'urne mortuaire ; en dessus, un petit génie construit tout en petites boules de pierre très dure, aussi de l'espèce de rachat. Il mesure 1 m 80 de hauteur, sa longueur est de 5 mètres, sa largeur 4 mètres. J'ai mis sept ans pour le bâtir.
La façade nord, composée de tuf avec des pierres de rivière, a un soubassement en petites grottes. On y voit aussi bien des choses : des pélicans en pierre ou façonnés par moi, le cerf, la biche, le petit faon, un crocodile. La droite a des pierres qui ressemblent à des animaux, la gauche un petit château féodal. Ces deux façades nord et est m'ont coûté vingt ans de travail.
La façade ouest, représentée par des vases, vous y trouvez : la mosquée arabe avec son croissant et ses minarets. C'est l'entrée du Palais Imaginaire. Vous voyez, en dessous, un temple hindou, puis un chalet suisse ; plus loin, c'est la Maison Blanche, la Maison Carré d'Alger, enfin un château au Moyen Age.
La façade sud, que vous voyez aussi surmontée de deux aloès, avec sa coupole et un tronc d'arbre, en dessus des pierres naturelles ressemblant à des animaux.
En dessous, c'est mon musée antédiluvien où j'enferme mes silex et les pierres diluviennes. Ces deux façades sud-ouest m'ont coûté encore six ans de travail.
Espérance, patience, persévérance : j'ai tout bravé, le temps, la critique et les années.
Le coût du palais n'est pas bien fort, mon travail ne compte pour rien. Je l'ai construit à temps perdu dans mes moments de loisirs que me laissait mon service de facteur.
Quand j'ai quitté la Poste pour prendre ma retraite, j'ai construit ma maison et j'ai entouré mon Palais de grandes murailles. Je cultive et j'entretiens mon clos afin que les visiteurs qui me prennent une partie de mon temps trouvent tout en harmonie avec mon Palais. Je les accompagne pour leur expliquer en détail ce qu'ils voient.
Je n'ai absolument acheté que la chaux et le ciment. Il y a environ 3500 sacs que j'ai employés seul à mon Palais, ce qui représente une somme de 5000 francs.
L'ensemble du monument fait environ 1000 mètres cubes de maçonnerie.
Quand j'ai commencé ce travail, j'avais quarante-trois ans ; aujourd'hui, je suis dans ma soixante neuvième année. »

Ferdinand Cheval


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Vies croisées de Gaudi et du Facteur Cheval

Extraits du fascicule « Vies croisées de A.Gaudi et de F.Cheval » de Pierre Chazaud, édité à Valence par les Editions Mandala (4,rue Gaston Rey, 26000 Valence, 06-81-20-91-30). (Reproduits avec l'aimable autorisation de l'auteur)

1876

Maintenant âgé de 40 ans, Joseph Ferdinand Cheval venait d'avoir, le 1er Août 1876, sa mutation de facteur rural à St-Rambert d'Albon. Il était veuf depuis trois ans.
La même année, Gaudi rentrait à l'âge de 24 ans dans la vie professionnelle d'architecte. Celui-ci subissait alors deux drames familiaux : d'abord son frère âgé de 25 ans mourrait subitement, puis sa mère décédait de chagrin, deux mois après son fils.
A Barcelone, dans sa petite chambre, le soir, à la lueur vacillante d'une lampe à huile, Gaudi notait sur un calepin à carreaux les commandes, ainsi que cette réflexion prémonitoire :
GAUDI :
"Il faut beaucoup travailler, pour se tirer d'affaire."

A peine sorti de l'école d'architecture de Barcelone, les clients commençaient à affluer. Earic Girosi lui demanda un modèle de kiosque, Pau Miro le chargea de réaliser le toit à colonnes d'un théâtre, le fabricant de gants Estève Comelli lui commanda une vitrine. Les retours chez ses parents à Réus s'espaçaient de plus en plus. Ses oeuvres se nourrissaient déjà de son expérience de la vie rurale et étaient influencées par son observation de la nature.

GAUDI :
"Mon école, ce furent la mer, les vents et les marées."

"Entouré de fleurs, de vignes, d'oliviers à Réus, j'ai été stimulé enfant par le caquètement de la volaille, le pépiement des oiseaux, le bourdonnement des insectes, avec la vue des montagnes de Prades au lointain. J'ai saisi dans ces endroits les plus pures et les plus délicieuses images de la Nature. Cette nature est toujours ma maîtresse ».

Quant à Ferdinand Cheval, en 1878, il était nommé facteur à Hauterives, affecté à la Le tournée de Tersanne, qui représentait en fonction du volume de courrier une marche de 30 à 44 km, soit 6 à 8 heures par jour, à travers un territoire coupé de ravins et de cours d'eau comme la Galaure ou la Vermeille, deux rivières infranchissables en hiver. F. Cheval avait toujours une petite bouteille d'eau de vie pour se laver le visage chaque matin.

F. CHEVAL :
"Facteur rural comme mes 27 000 camarades, je déambulais chaque jour de Hauterives à Tersanne, dans une région où la mer a laissé des traces évidentes de son séjour, courant tantôt dans la neige et la glace, tantôt dans la campagne fleurie."


Le 28 septembre 1878, il épousait en secondes noces Claire Philomène Richaud, une fermière, veuve depuis peu. Il l'avait connue lors de sa tournée. Ferdinand Cheval continuait à marcher inexorablement entre Hauterives et Tersanne, en rêvant à la manière d’un somnambule, incrusté dans la nature.
F. CHEVAL :
« Je me demandais à quoi ressemblait la région que je traversais entre Hauterives et Tersanne, aux temps préhisto¬riques, lorsqu'elle était recouverte par la mer. »

Gaudi commençait alors à acquérir, peu à peu, une réputation à Barcelone. Il n'était pas seulement un dessinateur de plans, mais aussi un sculpteur réalisant des modèles en argile et en plâtre. C'était déjà un ingénieux bricoleur.

GAUDI :
"Grâce à deux règles et un fil, on peut générer toutes les architectures."

Gaudi était capable de fabriquer aussi bien des lampadaires, des meubles, que des édifices compliqués, avec un style très personnel où la nature était toujours présente de multiples façons.

GAUDI :
"L'architecture crée l'équivalent d'un organisme, lequel doit obéir à une loi qui établisse des correspondances avec la nature."

"Quand je suis allé prendre les mesures du terrain pour construire la maison Vicens, je l'ai trouvé entièrement couvert de petites fleurs jaunes. Je m'en suis servi comme motif décoratif pour la céramique. J'y ai aussi trouvé un exubérant palmier nain, dont les palmes reproduites en fer recouvrent le grillage de la porte d'entrée de la maison."

Ferdinand Cheval, au cours de ses trajets journaliers, marchait de manière inconsciente, machinale, presque comme un automate, dans une espèce torpeur, qui l'amenait à rêver.


F. Cheval :
"Que faire en marchant perpétuellement dans le même décor, à moins que l'on ne songe. C'est justement ce que je faisais. Pour distraire mes pensées, je construisais en rêve, un palais féerique, dépassant l'imagination, tout ce que le génie d'un humble peut concevoir."


A l'opposé de ce prolétaire, simple piéton ¬rêveur, Gaudi s'affirmait dans son métier d'architecte. Il menait une vie mondaine et fréquentait désormais la bonne bourgeoisie de Barcelone et de Mataro, dont la famille des Moreu et leurs cercles d'amis. On notait dans cette maison une touche féminine et chaleureuse. C'était la belle et intelligente Josefa qui enthousiasmait Gaudi.

1922-1926

GAUDI : "Nous savons que rien n'a d'intérêt sans sacrifice. Le sacrifice est la diminution du moi, sans compensation."

Gaudi s'alimentait de moins en moins, jeûnait souvent et s'imposait un style de vie très rude. Maintenant, il ne mangeait plus de viande, se satisfaisait de lait et de quelques feuilles de salade.
En 1922, F. Cheval achevait son tombeau à 86 ans. Il lui avait fallu huit ans de travaux et de déplacements incessants entre sa maison et le cimetière distant d'environ un kilomètre.

Quant à Gaudi, son état de santé empirait. Brisé par l'arthrite, il se faisait des bandages aux chevilles et aux jambes. Ces bandages pendaient parfois sous l'ourlet de son pantalon.

GAUDI :
"Avant même d'avoir six ans, je commençais à souffrir de crises de rhumatismes articulaires, qui revinrent à plusieurs reprises au cours de ma vie. Quand je séjournais à Réus, je me souviens que je devais très souvent m'y rendre à dos d’âne, car la douleur m'empêchait de marcher."

Gaudi était devenu un homme abattu, fatigué du monde. Il trouva peu à peu un refuge exclusif dans la religion. Désormais, il ne se consacrait plus qu'à la Sagrada Familia, dont la construction avançait très lentement par manque de financement. Alors Gaudi osait quémander un peu d’argent à ses connaissances et se transformait en mendiant des rues.

G AUDI :
« La pauvreté conduit à l'élégance et à la beauté. »
« Je me résignais à demander l'aumône au prix d'une grande violence sur moi-même et je le faisais très mal. »


En 1924, F. Cheval décéda à l'âge de 88 ans. Il avait pris soin d'établir sa biographie et de la faire authentifier par plusieurs personnalités, afin de pouvoir léguer à la postérité non seulement un tombeau, mais aussi une œuvre et une vie qu'il s'ingéniait à mettre en scène.

Au début de 1925, Gaudi sentit que ses forces l'abandonnaient. Il arrêta ses 2 heures et demie de marche. Il finit par rester dormir dans le lit de fer qu'il avait installé dans un coin de son atelier au pied de la Sagrada Familia.

GAUDI :
« Au fur et à mesure que mes forces physiques s'amenuisent, je sens mon esprit de plus en plus agile. »

« Mon ami Maragall mort, puis après mon cher mécène, le comte Guell, et ensuite le diligent Dr Tooras i Bagès, je me suis plongé dans la plus totale solitude. Mes grands amis sont morts. Je n'ai ni famille, ni clients. »

1926

Le 7 juin 1926, Gaudi marchait distraitement dans les rues de Barcelone. Il n'entendit pas arriver un tramway qui le renversa. A l'hôpital, on essaya d'identifier ce vieil homme à la barbe blanche, habillé comme un mendiant. Dans une poche, on trouva une poignée de raisins secs. Dans l'autre, on retira un livre tout fripé. C'étaient les Evangiles.
Gaudi mourut deux jours plus tard, il avait 74 ans. Il fut enterré dans la crypte de la Sagrada Familia à Barcelone. Sa tombe fut profanée durant la guerre civile espagnole (1936-1939).


 

 

 

 

 

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